Taille de l'ouvrage 637 pages (édition livre de poche)
Résumé : La police de l'Ohio arrête l'auteur présumé de plusieurs viols de jeunes femmes et croit résoudre un cas facile : les victimes le reconnaissent formellement et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Il nie pourtant farouchement. Son comportement étrange amène ses avocats à demander une expertise. On découvre qu'il possède une personnalité multiple. Les 1001 vies de Billy Milligan retrace un cas unique - et rigoureusement authentique - dans l’histoire de la psychiatrie : celui d’un jeune américain souffrant d’un syndrome de personnalité multiple à la fin des années 70.
Critique : Daniel Keyes relate dans son très bon livre l’histoire vraie et passionnante de Billy Milligan, victime d’une grave maladie psychique : la dissociation de la personnalité. Le récit débute par le procès de Billy. Accusé de viols, il va pourtant être acquitté car jugé irresponsable de ses actes et confié à un institut psychiatrique. Ensuite, Keyes raconte l’enfance de Billy et sa vie avant le procès. Cette partie du livre permet de mieux comprendre l’origine de la maladie (l’érudition de l’écrivain - un vrai travail de psychologue - y contribue grandement). Malheureusement, la cruauté des adultes, des politiques, les campagnes de presse, l’incompétence de certains médecins vont réduire à néant les progrès réalisés par le malade dans l’institution spécialisée. Lorsque l'on referme le livre, on ne peut que se poser des questions: Milligan est-il vraiment malade ? Ou est-ce un escroc ? Un simulateur génial ? Un psychopathe ? A vous de juger ! Un livre fort, qui ne laisse pas indifférent.
Mon avis : Etant dans une période ou le besoin de lire des histoires étranges se fait sentir, je me suis jetée amoureusement dans cette histoire qui n'est pas des plus banales... Imaginez un être capable d'avoir près de 24 personnalités différentes en lui ! Un anglais surdoué, une petite frappe américaine capable de crocheter n'importe quelle serrure, mais surtout une petite fille de trois ans, une lesbienne et un mystérieux...Professeur. Age, sexe, accents, personnalités différentes : vous avez ici l'histoire vraie de Billy milligan, 24 ans, qui dans la fin des années 70 est arrêté pour trois viols de jeunes femmes et qui prétend ne pas savoir ce qui s'est passer car il aurait "perdu le temps".
Ce livre est vraiment passionnant et déroutant...on hésite souvent entre le manipulateur, le psychopathe mais le plus souvent, on a du mal à s'imaginer que toutes ces personnalités sont dans un seul corps...Ce livre m'a tellement troublé que j'en ait fait des recherches pour connaitre l'histoire vraie...et à ma plus grande surprise, rien n'est à enlever car ici...tout est (malheureusement) vrai.
Extrait : Il m'est très compliqué de vous trouver un extrait ...notamment parce que les extraits les plus intéressants sont ceux concernant le dialogue entre toutes les personnalités (et que c'est juste super long ^^)...mais bon un petit ici, qui n'est pas fait pour vous donner envie de le lire mais juste pour vous donner un aperçu de l'écriture de l'auteur
En fait non je ne résiste pas...grosse lecture = gros extrait ^^
On est au début de l'ouvrage, Billy vient de se faire arrêter pour les trois viols...son avocate désire lui parler pour préparer sa défense lors du procès, mais celui ci tente plusieurs fois de se suicider et devient violent, il est interné. On envoie Dorothy Turner, une psychologue, à la rencontre de billy
"- Je suis ici pour votre bien. Il faut m'aider. Il faut que vous répondiez à mes questions, pour que je comprenne ce qui vous arrive. Alors, quel est votre numéro de Sécurité sociale?
Il hausse les épaules : - Chais pas.
Elle baisse les yeux sur son dossier et lit un numéro.
Il secoue la tête :
- C'est pas mon numéro. ça doit être celui de Billy.
Elle le fixe, interloquée :
- Ah, parce que vous n'êtes pas Billy?
- Non. C'est pas moi.
Elle fronce les sourcils.
- Voyons, je ne comprends pas. Si vous n'êtes pas Billy, qui êtes-vous?
- Je suis David.
- Ah bon. Et où est Billy?
- Billy dort.
- Il dort où?
Il montre sa poitrine. - Là-dedans. Il dort.
Dorothy Turner soupire et contient son impatience.
Elle hoche du chef avec compréhension: - Il faut que je lui parle.
- Oh non! Arthur voudra pas. Billy dort. Arthur le réveillera pas, parce que sinon, y se tuerait.
Elle considère le jeune homme un long moment, sans trop savoir comment poursuivre avec cet individu qui s'exprime d'une voix enfantine, une expression puérile sur le visage.
- Bon, reprenons. J'aimerais bien que vous m' expliiquiez ...
- Je ne peux pas. J'ai fait une bêtise. J'ai pas le droit de vous parler de ça.
- Pourquoi donc? . .
- Je vais me faire attraper par les autres, lance-il d'une petite voix affolée.
- Alors, vous vous appelez David?
Il acquiesce du menton.
- Qui sont les autres?
- C'est défendu d'en parler.
Elle pianote doucement sur la table. .
- Ecoute-moi, David. Tu dois me raconter, pour que je puisse te venir en aide. ..
- J'ai pas le droit. Ils seront très fâches contre moi si je raconte et ils me laisseront plus aller sous le projecteur.
- Allons, il faudra bien que tu le racontes à quelqu'un. Tu as très peur, non?
- Oui.
Ses yeux s'emplissent de larmes.
- Il faut que tu me fasses confiance, David, c'est important. Tu dois m'aider à comprendre ce qui t'arrive, pour que je puisse t'aider. . .
Il réfléchit un long moment, la mine tourmentée.
Finalement il hausse les épaules :
- Bon, je vais te dire, mais à une condition. Tu me jures de le répéter à personne. A personne dans le monde entier. Jamais, jamais, jamais.
- C'est entendu. Je te le promets.
- Tu gardes le secret jusqu'à ta mort?
Elle hoche la tête. Dis«je le jure ».
- Je le jure. . .
- Comme ça, je peux te raconter. Mais je ne sais pas tout. Ya qu' Arthur qui sait tout. Comme tu dis, J'ai très peur. Pasqu'il arrive tout le temps des choses que je connais pas.
- Quel âge as-tu, David?
- Huit ans et demi. Presque neuf ans.
- Et pourquoi est-ce toi qui viens me parler?
- Je savais même pas que j'allais venir sous le projecteur, d'abord. Quelqu'un a eu mal dans la prison et je suis venu m'en charger.
- Peux-tu m'expliquer ça?
- Arthur dit que je suis le gardien de la douleur.
Quand ils ont mal, c'est moi qui viens sous le projecteur, pour m'en charger.
- Ça doit être terrible.
Il hoche la tête, les yeux brillants de larmes; - C'est vraiment pas marrant.
- «Le projecteur », c'est quoi, David?
- C'est comme ça qu'Arthur l'appelle. Il nous a expliqué comment ça marche, quand un des habitants, y faut qu'il se montre. C'est un projecteur, un gros projecteur blanc. Tout le monde est autour. On regarde ou on dort dans son lit. Et celui qui vient sous le projecteur, il sort dans le monde. Arthur dit: « Celui qui est sous le projecteur prend la conscience. »
- Et les autres, qui est-ce?
- Y en a beaucoup. Je les connais pas tous. J'en connais bien quelques-uns mais pas tous. Oh! zut!
- Qu'est-ce qui se passe?
- Je t'ai dit le nom d'Arthur. Alors là, c'est sûr, je vais me faire attraper pour t'avoir dit le secret.
- Mais non, David, je te promets que je ne le raconterai à personne.
Il se recroqueville sur sa chaise :
- Je peux plus rien te dire, j'ai peur.
- Très bien. Ça ira pour aujourd'hui. Mais je reviendrai demain pour que nous bavardions encore un peu.
Devant le portail de la prison, elle reste un instant immobile, resserrant plus étroitement les pans de son manteau, pour mieux résister au vent glacial. Elle s'était préparée à affronter un jeune délinquant qui simulait la folie pour échapper à la justice. Mais ça ... jamais, elle ne l'aurait imaginé.
Lorsque Dorothy Turner pénètre dans le parloir le lendemain elle remarque aussitôt que Milligan arbore une expression sensiblement différente. Le regard fuyant, il prend place sur le siège, les genoux au menton. Il tripote ses chaussures. Elle lui demande comment il va.
Il ne répond pas tout de suite et examine la pièce, s' arrêtant par instants sur elle sans paraître la reconnaître. Puis il secoue la tête et s'écrie avec la voix et l'accent d'un gosse des quartiers populaires londoniens:
- En v'là un boucan. Vous gueulez trop. Tous ces bruits ... J' sais vraiment pas c' qui m'arrive.
- Dis donc, David, tu as une drôle de voix. Et cet accent?
Il la considère d'un œil malicieux:
- J' suis pas David, eh! J' suis Christopher.
- Ah bon. Et David, où est-il?
- Il a pas été sage.
- Que veux-tu dire? Explique-moi.
- Eh ben, les aut' y zont été drôlement fumasses,
qu'il aye tout raconté.
- Tu pourrais m'en dire davantage?
- J' peux pas. J' veux pas m' faire attraper comme David. "