4 ème de couverture :
Pour Henry Perowne - neurochirurgien réputé, mari heureux, père comblé d'un musicien de blues et d'une poétesse - ce devait être un samedi comme les autres. Pas question d'aller défiler contre la guerre en Irak. Plutôt goûter les plaisirs de la vie. Et pourtant... Un banal accrochage, et voilà la violence qui surgit dans son existence protégée. Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant. Tout en faisant diaboliquement monter le suspense, McEwan entrelace événements planétaires et fait de cet étrange samedi la métaphore de toute une vie, de toutes nos vies fragiles d'Occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle. Une réflexion sur le hasard et le destin, les pouvoirs respectifs de la science et de l'art, la quête d'un sens qui résisterait à la mort nous montre une fois de plus, après
Expiation, un romancier parvenu à la plénitude de son talent.
Taille du bouquin : 374 pages
Critique : La description d’une journée pendant près de quatre cents pages aurait pu être fastidieuse. Il n’en est rien dans cette traduction inédite. Ian McEwan signe un roman qui suscite intérêt et suspense. Ce samedi vécu et vu à travers le prisme du talentueux neurochirurgien Henry Perowne sort de la banalité et prend une dimension universelle. Les événements extérieurs ont une incidence sur l’intime. L’auteur montre avec brio comment la sphère publique peut avoir des répercussions sur la sphère privée, et comment l’enchaînement d’événements de moindre importance peut mener à la catastrophe.
Avec une rigueur et une précision toute scientifique, McEwan plante son décor à Londres où plane la menace du terrorisme et observe la réaction d’un chirurgien face à ce contexte. Chaque nouvel épisode dans cette journée bien particulière est l’occasion de revenir sur le passé du personnage et de sa famille auxquels on aime s’identifier. L’auteur propose également une réflexion sur l’art et la science, qui bien que de nature différente guérissent et adoucissent les moeurs, comme le montre la situation de crise finale, où l’art et la poésie ont une vertu curative sur le malade Baxter. En bref, un roman documenté au style maîtrisé qui parvient avec talent à mêler l’actualité à l’intime.
Laurence de BourbonMon avis :
De la très bonne littérature moderne. Un très bon bouquin.
Cet écrivain a un talent certain pour l'écriture. Il est fluide, aisé, complexe sans recherche de fioriture inutile (pas comme moi quoi .... ><). Il est surtout extrêmement cultivé naviguant dans le bouquin d un sujet à l autre avec une justesse déconcertante.
Réflexion sur la guerre en Irak, sur le quotidien, sur la vie qui passe, sur une journée à remplir, sur une famille à structurer, sur la folie de notre monde occidental, sur sa stabilité... et le tout sous l angle de vue d'un neurochirurgien... terre à terre !!!! ^^
Un paragraphe choisi par mes soins (et recopiés...), p 17 :
Il était en retard dans le programme de lectures suggéré par Daisy. Ouvrant de l'orteil le robinet d'eau chaude à intervalles réguliers, il a lu d'un oeil ensommeilé le récit de la course contre la montre de Darwin pour achever
De l'origine des espèces, ainsi qu'un résumé de la conclusion du traité, supprimée dans les éditions ultérieures. En même temps, il écoutait les informations à la radio. Le flegmatique Mr Blix venait de faire un discours au siège des Nations unies - il donnait plus l'impression de chercher à contrecarer les projets de déclaration de guerre. Incapable de se concentrer, Perowne a éteint la radio, est revenu quelques pages en arrière et s'est replongé dans son livre. A certains moments, cette biographie lui donnait la nostalgie rassurante d'une Angleterre tendre, verdoyante, où l'on voyageait en voiture à cheval ; à d'autres, il se sentait vaguement déprimé à l'idée qu'une vie toute entière pût tenir en quelques centaines de pages - enfermée dans un flacon tel un chutney fait maison. Déprimé aussi par la facilité avec laquelle une existence, des ambitions, ses réseaux amicaux et familiaux, tous ses trésors, ses possessions bien réelles pouvaient se volatiser à ce point. Ensuite il s'est étendu sur le lit pour réfléchir à ce qu'il mangerait au dîner, et à partir de là il ne souvient plus de rien. Rosalind a dû rabattre sur lui la couette en rentrant du travail. Sans doute l'a-t-elle embrassé. Quarante-huit ans, et profondément endormi un vendredi soir à neuf heures et demie : voilà le résultat de la vie professionnelle d'aujourd'hui, mais cette semaine, une épidémie de grippe au sein du personnel de l'hôpital l'a contraint à mettre les bouchées doubles - sa liste d'opérations était deux fois plus longue que d'habitude.